Sofiane GUITOUNE

J'espère pour nous!

C'est quand même un bon joueur. Il aura un temps de jeu conséquent. De toute façon, sur toute une saison, le temps de jeu est partagé entre tous. La notion de titulaire a tendance à disparaître.

HS : Cela fait plaisir de revoir des gens connu sur le précédent forum du Stade... @nougayork : sympa ta photo de profil, il manque juste à la fin Stade Toulousain mais c'est pas mal.

Sofiane Guitoune a fait un grand tournoi à Exeter lors de la 2ème étape du circuit européen. Je pense qu'il va aller à Rio...

Par bonheur (!), il n'est pas dans la liste "Elite"...

Il est réserviste pour Rio.

Ce matin, dans l'équipe, interview de sofiane Guitoune.

Éloigné des terrains pendant près d’un an et demi, le centre toulousain renaît au sein dʼun effectif stadiste rajeuni et sans complexe. Son enthousiasme pourrait bien mener le trentenaire jusqu'au Mondial japonais.

Sofiane Guitoune est un trentenaire heureux, qui ne se départit jamais de son sourire. C’est au stade Jean-Bouin, à l’issue de la victoire du Stade Toulousain sur le terrain du Stade Français (28-9), que nous l’avons retrouvé, le 3 mars dernier. Assis sur le banc des remplaçants des Parisiens, pas encore douché mais avec une bière à la main, l’ailier international (5 sélections) repositionné au centre depuis fin septembre revient sur ses récentes bonnes performances en club, leader du Top 14, ainsi que sur son rôle de joueur expérimenté au sein du jeune et brillant effectif toulousain. Handicapé par une pubalgie pendant près d’un an et demi, Guitoune sait aussi qu’il revient de loin et assure qu’il n’a rien perdu du plaisir de jouer. Il aborde la fin de saison avec l’envie de tout gagner, le Championnat comme la Coupe d’Europe. Et ne cache plus ses ambitions de disputer la Coupe du monde avec les Bleus, au Japon, cet automne (20 septembre-2 novembre).

« À quoi a ressemblé votre année et demie au Stade Toulousain sans jouer ?

Au départ, j’ai eu la chance d’arriver dans un club où j’avais beaucoup d’amis dont Yoann(Maestri),Gaël(Fickou), qui étaient montés dans le bureau (du président) pour que je signe. J’avais plusieurs propositions, c’est le dernier club qui m’avait appelé et ça a vraiment été un choix affectif. Mais les pépins physiques sont vite arrivés(1). Les mecs m’ont soutenu mais comme ça a duré, ils ont commencé à se dire : “Bon, en fait, Sofiane il est venu tranquille, il se la fait pépère”. Parfois, le regard des autres était dur à vivre. C’était dur de se dire qu’ils commençaient à douter de moi. Forcément ils attendent après toi et la réalité, c’est que pendant un an et demi, tu ne leur sers à rien.

Qu’est-ce qui permet de tenir dans ces moments-là ?

Les proches, la famille, mais aussi l’expérience, le fait de se connaître et de savoir ce qu'on veut. Je savais de quoi j’étais capable. Et je n'avais qu'une idée en tête : rejouer au rugby. Alors je m’en suis donné les moyens et le retour des bonnes sensations m’a donné confiance. Ce qui n’était plus le cas pendant cette période où j’avais mal et où j’étais nul.
Le 19 janvier 2014, à la veille de rejoindre le quinze de France, Sofiane Guitoune, alors perpignanais, se blesse au talon d’Achille gauche face à Gloucester. Verdict : 7 mois d'arrêt.
Le 19 janvier 2014, à la veille de rejoindre le quinze de France, Sofiane Guitoune, alors perpignanais, se blesse au talon d’Achille gauche face à Gloucester. Verdict : 7 mois d'arrêt.
Harry Jordan/PhotoPQR/ LIndépendant /MaxPPP

Comment se refait-on une place dans un groupe qui vit sans vous depuis un moment ?

J’ai commencé par faire l’une des meilleures préparations de ma carrière, de ma vie même (rires). C’était un bon début. Mais ce n’est pas pour autant qu’au démarrage du Championnat j’étais invité. Pour le premier match, j’étais remplaçant et je ne suis pas rentré (match nul à Lyon, 16-16). Pour le deuxième, je devais encore être remplaçant. La semaine d’avant, je me souviens m’être un peu accroché avec Ugo (Mola, l’entraîneur) parce que j’estimais que ma préparation avait été à la hauteur et que j’avais envie de commencer. Lui m’avait répondu qu’il y avait une hiérarchie, que les autres avaient aussi fait leur boulot et qu’il fallait attendre. C’était un peu monté dans les tours. La veille du match, Cheslin Kolbe est appelé avec l’Afrique du Sud, une place se libère. Ugo m’appelle et me dit : “Tu voulais un match, tu l’as, on va voir”. On jouait à Grenoble et je savais que tous les snipers du monde allaient être postés sur le toit des Alpes pour m’attendre.

Et alors ?

Tout s’est bien passé et on a gagné (23-20, le1 er septembre). Après le match, Ugo était venu me voir en me disant qu’il était content pour moi. Je l’avais aussi vu discuter avec le président et, dans la foulée, Didier Lacroix était venu me féliciter pour ma prestation. Mais après, il y avait la réception de La Rochelle puis du Racing 92 et je savais que pendant trois ou quatre matches, j’allais repartir à zéro . La confiance revient par ce que tu montres sur le terrain. Tu vois le changement dans le regard des gens, tu le vois dans le vestiaire, à l’entraînement, dans les bureaux.

“C’est vous, les journalistes, qui avez commencé à me parler de la Coupe du monde. Sauf qu’y être ou pas, ça n’est pas de mon ressort, donc je préfère me concentrer sur ce qui l’est, c’est-à-dire donner le maximum pour performer,,

Vous faites votre retour après que Toulouse a retrouvé sa place en haut du Top 14, ça aide ?

Évidemment que ça aide. Tout le monde sait que c’est plus facile d’enchaîner les semaines de boulot avec la victoire. Même si, cet été, on a un peu douté. Beaucoup d’anciens sont partis, des gros joueurs (Maestri, Doussain, Fickou, Fritz…), etona démarré la prépa avec que des “gosses”. C’est simple, quand on reprend le 20 juin, je suis le plus vieux ! Il y avait beaucoup d’Espoirs parce que les Barbarians étaient partis, les moins de vingt ans étaient en Coupe du monde et il y avait la tournée (des Bleus en Nouvelle-Zélande). À ce moment-là, on se dit : “Mais on va où ?” Et derrière, en matches amicaux, on perd contre Colomiers (26-12)et Perpignan (21-19). Mais ça nous a permis de vite prendre conscience qu’il allait falloir être très soudés.

Vous jouez encore sur deux tableaux en cette fin de saison (Coupe d’Europe et Top 14). Quelles sont vos ambitions ?

De gagner évidemment ! Ça fait longtemps que ça n’a pas souri au club (2). Cyril Baille, Julien Marchand (gravement blessé au genou et forfait jusqu’à la fin de la saison) font partie de la dernière génération qui a gagné chez les jeunes en Crabos (2013),mais veulent maintenant gagner chez les grands. Max Médard est le dernier de la génération à avoir tout gagné (champion de France 2008, 2011 et 2012, Coupe d’Europe 2005 et 2010), mais il veut y regoûter. Et enfin Yoann Huget, qui n’a rien gagné, a la dalle !

La cohabitation des générations se fait donc dans l’harmonie au Stade Toulousain ?

Oui ! Ce mélange entretient une forme d’audace. À l’entraînement, quand tu vois le petit Lucas Tauzin (20ans), Matthis Lebel (19ans)ou Romain (Ntamack, 19 ans) évoluer, “La Huge”, Max Médard, moi, qui sommes des compétiteurs de fou, nous nous disons : “Mais oh ! On va pas se faire piquer la place !” Alors, tout le monde augmente son niveau de jeu. Jeune, tu veux prouver, à l'entraînement comme en match. Un peu plus âgé, il y a des semaines où tu voudrais commencer doucement, mais dès qu’ils te rentrent dedans, tu te dis : “O.K., d’accord”. Et ça repart.

Que vous inspire cette jeune garde ?

Je me sens proche d’elle. Ils mettent une distance avec la pression, ils veulent juste jouer et ça me ressemble. Je me souviens que lorsque je suis arrivé tôt dans le circuit pro avec Agen (2007-2010), les types qui m’avaient pris sous leur aile - Arnaud Mignardi ou Luc Lafforgue - étaient comme ça. Il faut essayer de faire la même chose. Les grands coups de casque dans les vestiaires, le visage fermé et les longs discours, ça ne m’a jamais parlé, de toute façon.

Ces jeunes Toulousains ont déjà franchi les portes de l’équipe de France. Étonnant ?

Pas du tout. Romain (Ntamack), c’était tracé. Je me rappelle quand j’étais à Perpignan (2012-2014), j’entraînais les minimes de l’USAP et le dernier tournoi de l’année était à Agen. Romain avait quatorze ans et il mettait déjà des longues pénalités, il gérait. C’était pas physique, mais sa gestion était impressionnante. On aurait dit un(Owen)Farrell, il avait déjà tout compris au rugby. Pour ce qui est de Thomas (Ramos), il a une trajectoire que j’aime bien. À un moment, à Toulouse, on lui a dit qu’il n’avait pas encore sa place. On l’a envoyé faire un tour à Colomiers (2016-2017), l’équipe ennemie du Stade. Il est parti, il est revenu, jusqu’à atteindre l’équipe de France. Tout est dit.

Et vous, l’équipe de France ?

Quand j’ai commencé la saison, je voulais juste rejouer au rugby et enchaîner un maximum de matches. Pour l’instant, ça se passe bien. C’est vous, les journalistes, qui avez commencé à me parler de la Coupe dumonde(grand sourire). Sauf qu’y être ou pas, ça n’est pas de mon ressort, donc je préfère me concentrer sur ce qui l’est, c’est-à-dire donner le maximum pour performer. Pour le reste, je pense que Jacques Brunel (le sélectionneur) etson staff, quoi qu’on dise, ont quand même gardé leur noyau. Après, je suis encore un gosse quand on me parle des Bleus et quel que soit le contexte. La semaine dernière, j’étais au spectacle de Malik Bentalha (un humoriste et acteur français). Je l’ai croisé à la fin, il m’a dit qu’il ne connaissait pas le rugby mais qu’il avait regardé le match face aux Anglais (défaite 44-8, le 10 février) etqu’il ne fallait pas que je vise l’équipe de France (rires) ! Je lui ai répondu que si on m’appelait, je serais évidemment le plus heureux. » É
Le 23 septembre 2015, Sofiane Guitoune dispute sa seule et unique rencontre du Mondial contre la Roumanie. Face à une faible opposition, le joueur alors de l’UBB inscrit un doublé.
Le 23 septembre 2015, Sofiane Guitoune dispute sa seule et unique rencontre du Mondial contre la Roumanie. Face à une faible opposition, le joueur alors de l’UBB inscrit un doublé.
Alain Mounic/ LÉquipe

(1) Une pubalgie tenace au niveau des deux adducteurs, combinée à l'infection de sa cicatrice par un staphylocoque issu d'une opération antérieure sur son genou droit en 2012, l'a éloigné des terrains pendant un an et demi, l'obligeant à se faire opérer plusieurs fois entre 2016 et 2017.

(2) Toulouse n'a plus été sacré champion de France depuis 2012. Son dernier succès en Coupe d'Europe remonte à 2010.